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Alors que l’extrême aridité de cette année donne un aperçu de ce que serait un été normal en 2050, avec des ressources en eau de plus en plus rares et des cultures assoiffées, le monde agricole est contraint de repenser son modèle et expérimenter de nouvelles pratiques.
 
Au terme d’une saison hivernale largement déficitaire en pluie et de l’été le plus chaud jamais enregistré en Europe, les premières récoltes françaises préfigurent des rendements en chute de 10% à 30% pour la plupart des cultures et du fourrage.  En conséquence, certains éleveurs commencent à se séparer d’une partie de leurs troupeaux car ils n’auront pas assez de nourriture en stock pour alimenter toutes leurs bêtes cet hiver.Cet épisode 2022 donne un aperçu d’une année normale dans les prochaines décennies, et des perturbations à venir si le système agricole ne s’adapte pas davantage.
La gestion de l’eau pose notamment question. Les agriculteurs absorbent 45 % de l’eau annuelle consommée dans l’Hexagone et ne peuvent échapper aux efforts de sobriété. Réduire les prélèvements de 25% d’ici 2035 est l’enjeu contraignant mais atteignable fixé par les Assises de l’Eau en 2019, mais pour le moment, la tendance ne va pas dans le bon sens. Alors que l’eau disponible en France a déjà diminué de 14% en vingt ans, la part de l’irrigation dans l’agriculture a bondi de 14 % sur la même période, selon l’association France Nature Environnement (FNE), qui se base sur le recensement agricole de 2020.
Alors qu’il n’occupe que 10 % de la surface agricole dans le pays, le maïs représente la moitié des hectares irrigués. Il nécessite beaucoup d’eau en été au moment où la ressource se raréfie le plus et encourage la multiplication de retenues d’eau dédiées, ces « méga-bassines » au détriment de pompages mieux régulés, et dont la réalisation attise les tensions quand il faut prioriser la gestion l’eau potable.
Alors, faut-il favoriser les variétés et les espèces cultivées, travailler sur la sélection de types de blé ou de maïs, pas OGM mais hybrides (par croisement), plus résistants à la sécheresse et à la chaleur, sans besoin d’irrigation, diversifier les cultures et substituer une partie du maïs par son cousin africain, le sorgho , qui consomme environ 40 % d’eau en moins…autant de sujets ou de filières qu’il devient urgent de développer.  Il est également fondamental de renforcer la protection des sols, préserver leur humidité et engager une transition agricole moins intensive qui passera par l’agroécologie, l’agroforesterie ou encore l’agriculture de conservation. Maintenir les sols en bon état et renforcer les infiltrations jusqu’aux nappes phréatiques, véritables réservoirs de survie faces aux événements extrêmes de sécheresse ou d’inondation qui vont se reproduire de manière plus fréquente devient urgent.
Tout remettre à plat, faire preuve d’innovation et proposer une combinaison de solutions et d’incitations économiques à plus économiser cet « or bleu » permettraient d’atteindre les objectifs de sobriété du milieu agricole fixés par le gouvernement…  Mais il s’agit bien, comme pour les autres secteurs d’activité de notre pays et ses territoires, d’une organisation et d’un fonctionnement à repenser.
C’est le sens de l’article largement documenté de Margaux Lacroux dans Libération du 12 septembre 2022  que vous pouvez retrouver sur le site de Savoie Nova.

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